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Pris en tenaille entre les flancs du Sillon de Bretagne et la Loire, le quartier du Bas-Chantenay offre une mosaïque d’espaces dont la vocation industrialo-portuaire remonte au milieu du XVIIIe siècle. Annexé à la ville de Nantes en 1908 et situé aux portes du centre historique, l’avenir du quartier se dessine aujourd’hui entre maintien de son identité particulière et grandes mutations urbaines.

UNE PRAIRIE INDUSTRIELLE EN BORD DE LOIRE

En aval de Nantes, entre le coteau et la Loire, de Sainte-Anne à Roche Maurice, s’étend sur près de 90 hectares un quartier au riche passé industriel. L’identité forte de ce territoire est née durant la première moitié du XIXe siècle, de la conquête de prairies inondables et de bancs d’alluvions pour répondre aux besoins de l’industrie. Assèchements, comblements et remblaiements constitueront progressivement une “prairie industrielle” sur la Loire, où la concentration d’activités productives et la rationalisation des espaces feront du Bas-Chantenay le cœur industriel de Nantes au tournant des XIXe et XXe siècles.

La disponibilité de grandes parcelles, la réalisation d’embranchements au réseau de chemin de fer et la construction de quais et d’estacades, autorisent une diversification des activités industrielles : métallurgie et ferblanterie, raffinage du sucre, industries chimiques, savonnerie, construction navale, etc. Mais à partir des années 1960, l’évolution des techniques productives et les contraintes liées à une concurrence mondialisée entraînent une vague de fermeture de sites et la destruction de nombreux bâtiments. Sur les 3 kilomètres de rives du Bas-Chantenay, l’avenir de ce quartier semble se dessiner aujourd’hui dans son rapport particulier avec le fleuve et par la valorisation des témoins architecturaux de son histoire industrielle.

Inventaire du Patrimoine

Le quartier de Roche Maurice

A l'extrémité occidentale du Bas-Chantenay se trouve un petit quartier coincé entre la Loire, les piles du pont de Cheviré, la voie de chemin de fer et l’échangeur du périphérique. Telle une enclave habitée au milieu d’un paysage bouleversé, Roche Maurice marque l’entrée aval de la ville de Nantes sur la rive droite du fleuve.

Le quartier se développe sur un promontoire rocheux à l’extrémité sud du Sillon de Bretagne et conserve sa physionomie d’ancien village des bords de Loire. Sur des parcelles irrégulières, les maisons colorées sont majoritairement implantées en alignement sur la rue. Jusqu’au début du XXe siècle, l’activité des habitants est largement tournée vers le fleuve, en particulier la pêche. Par la suite, le quartier accueille une population ouvrière qui travaille dans les usines du Bas-Chantenay. 

Bien que mentionné sur des cartes dès le XVIIIe siècle, le quartier semble avoir toujours connu un développement à l’écart de l’agglomération. Outre le charme de son côté “décalé”, l'attrait de Roche Maurice c’est aussi son panorama sur la Loire et le spectacle qu’offre le ballet des grues sur la rive opposée.

Inventaire du Patrimoine

Portrait de Frantisek Nedvidek

Visage anguleux, combinaison jaune fluo, casque sur la tête et masque antipoussière qu’il laisse pendre autour du cou, Frantisek Nedvidek parle du fonctionnement du silo avec pédagogie. À quarante-six ans, il a travaillé dans bien d’autres infrastructures industrielles avant d’être embauché ici. Mais le silo de Chantenay, c’est autre chose. Il est au bord de la Loire, et pour Frantisek rien ne compte plus que la vue d’un fleuve. Bouddhiste, adepte de la méditation zen, il y puise son énergie. Quand il embauche tôt, il ne manque jamais d’assister au lever du jour au sommet du silo.

D’un coup d’ascenseur, l’agent nous emmène dans les ultimes étages du mastodonte. D’interminables tapis roulants transfèrent le grain d’un point à un autre dans un univers mécanique où l’homme, en dehors de Frantisek, n’intervient pas. La poussière s’enroule dans les rais de lumière. Des passerelles enjambent des gouffres de cinquante mètres d’où le grain est siphonné vers les cuves du Saint-Vassilios, amarré au quai. Frantisek sort sur le toit du silo. Sereine, la Loire coule tout en bas. « J’ai posé mes valises à Nantes car j’ai ressenti ici une force particulière, confie-t-il dans un français coloré d’un léger accent tchèque. J’ai compris plus tard que la proximité de la Loire en était la source. Je voulais vivre au bord d’un fleuve. Car le fleuve nettoie la ville, vous ne trouvez pas ? Rester immobile à regarder l’eau qui passe, ça me lave ! »

Des Rives

Lien vers l’Inventaire du Patrimoine

Le Bas-Chantenay en 1966. - © Région Pays de la Loire - Inventaire général / Denis Pillet - AHCNN
La Roche-Maurice en 1914. - © Région Pays de la Loire - Inventaire général / Caroline Guillemaut - Collection particulière
Square Marcel Schwob en 1935. - © Archives municipales de Nantes / Patrick Jean