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Maillon essentiel du réseau portuaire nantais aux XVIIe et XVIIIe siècles, la commune de Couëron devient au cours du XIXe siècle un des sites emblématiques de l’appareil industriel de l’estuaire de la Loire. Symbolisé aujourd’hui par l’architecture spectaculaire de la tour à plomb, l’essor industriel couëronnais est aussi une histoire humaine dont la mémoire ouvrière et sociale est encore bien vivante !

LA TOUR À PLOMB

Depuis près d’un siècle et demi, la tour à Plomb de Couëron se dresse fièrement sur la rive droite de la Loire. Tel un phare au cœur de l’estuaire, son sommet culmine à près de soixante-dix mètres de hauteur et témoigne de l’extraordinaire aventure industrielle de la Basse-Loire durant le XIXe siècle.

Construite de 1875 à 1878, elle servit à la fabrication de plombs de chasse jusqu’en 1957. Depuis le niveau le plus haut de la tour, un mélange précis de plomb fondu, d’arsenic et d’antimoine s’écoulait au travers de cribles calibrées (surface plane percée de petits trous). Dans leur chute de cinquante mètres, les fines gouttelettes prenaient une forme parfaitement sphérique avant d’être récupérées dans une cuve de refroidissement remplie d’eau.

La tour à plomb de Couëron est classée au titre des Monuments historiques depuis 1993 et constitue aujourd’hui le seul exemple d’architecture industrielle de ce type conservé en France.

Inventaire du Patrimoine

LA COMMUNAUTÉ POLONAISE DE COUERON

La modeste petite église sans clocher n’est qu’à un kilomètre de distance mais le temps d’y parvenir et nous voilà en 1929. Nous y rencontrons Piotr Duczynski qui vient d’arriver de Szowsko, dans le sud-est de la Pologne, après quatre jours de train. Comme la plupart des nouveaux arrivants, il passe quelques jours dans la paroisse en attendant d’être logé par son employeur, les Forges de Basse-Indre. Particulièrement costaud, il travaillera bientôt au laminoir à chaud, un poste éprouvant mais bien considéré et plutôt bien payé. En 1932, il fera venir sa femme, Maria, et leur fille de six ans, Bronislawa ; ils auront un deuxième enfant, Maryan, en 1933. À part quelques voyages en Pologne après la guerre pour rendre visite aux cousins restés au pays et s’incliner sur la tombe des ancêtres, la famille ne quittera plus Couëron, qui comptera bientôt plusieurs milliers de ressortissants polonais. Bronislawa et Maryan y trouveront leurs conjoints respectifs, Basile et Irène, également issus de la communauté polonaise. Avant de les rencontrer chez eux en 2017, en lisière du bourg, nous suivons Piotr Duczynski dans la cité Bessonneau, composée d’une centaine de petites maisons de bois, sans eau ni électricité, dont il ne restera plus qu’un seul exemplaire au tournant du xxie siècle. Quant à la chaussée principale de la cité du Bossis, elle ne s’appelle pas encore la rue Niescierewicz : il faudra attendre 1982 pour voir la résistance polonaise de Couëron honorée par la commune.

Des Rives

PORT LAUNAY : DE L’AVANT-PORT AU PORT RELIQUE 

Où est la Loire ? Était-ce un port ? Nombreux sont ceux aujourd’hui à se poser ces questions lorsqu’ils arrivent pour la première fois au village de Port Launay situé en aval du bourg de Couëron. Pourtant, la fonction portuaire du village est bien attestée depuis le Moyen Age, en tant que lieu de franchissement entre les deux rives. Profonde et abritée des vents du nord-ouest, la rade de Port Launay, sur la rive droite de la Loire, devient très vite un lieu de mouillage prisé par les navires remontant jusqu’à Nantes. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la dégradation des conditions nautiques de “la rivière de Loire” contribue à faire de Port Launay un lieu de rupture de charge largement apprécié par les marins, armateurs et négociants au sein de l’aire portuaire nantaise.

Mais le déclin de l’avant-port s'amorce au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. En effet, à la suite des premiers travaux d’endiguement de la Loire en aval de Nantes, un banc de sable se forma devant Port Launay, devenant très rapidement une véritable île de Loire. Dès lors, le village est baigné par un mince bras de Loire, l'alluvionnement progresse et l’envasement est inévitable. Comme les ports de Lavau, Rohars ou encore Cordemais, la création d’un chenal unique de navigation dans l'estuaire déconnectera à terme le village de la Loire.

Inventaire du patrimoine

PORTRAIT DE KRYSTEL DRUAIS

En suivant la D 91 en direction du fleuve, on parvient au seuil du Paradis. Toit en tuiles rondes, crépi blanc, une licorne en enseigne pour vanter la bière du même nom… Le bistrot affiche dès l’entrée son menu à 9,90 € avec vin au verre. Spécialité : la tarte Tatin salée, adaptée selon la saison et l’humeur de la patronne, Krystel Druais. Curiosité : l’un des quatre coins de l’établissement est biseauté pour éviter qu’il ne chevauche la frontière communale entre Couëron et Le Pellerin. Pour éviter des comptes d’apothicaire dans le calcul des taxes locales ? Nous apprenons en tout cas que de nombreuses communes riveraines de l’estuaire possèdent des langues de terre de l’autre côté du fleuve, réminiscence d’une époque pas si lointaine où la Loire était encore parsemée d’îles administrativement rattachées soit au nord, soit au sud. La main de l’homme est passée par là : en modelant la voie d’eau pour lui donner les atours d’un fleuve plus sage, en concentrant son flux pour faciliter la navigation et rationaliser sa géographie, les grands travaux d’aménagement des xixe et xxe siècles ont fini par souder les îles aux rives. Résultat : les vingt mètres qui séparent le Paradis du fleuve appartiennent au Pellerin, commune d’outre-Loire. Les journées de Krystel sont rythmées par les va-et-vient du bac qui débarque et avale les passagers, certains en profitant pour s’arrêter boire un verre au Paradis.

Des Rives

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