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C’est ici, à Saint-Brevin-les-Pins, que se joue le spectacle de la rencontre de la Loire et de l’océan. Si les pêcheries de Mindin nous raccrochent encore à l’estuaire, la plage du Nez de Chien, située plus à l’ouest, annonce les paysages littoraux du Pays de Retz, ponctués de pinèdes et de cordons dunaires. 

Le Fort de Mindin

Sur la rive gauche et dominant l’embouchure de la Loire, la pointe de Mindin occupe une position stratégique pour la surveillance de la navigation dans l’estuaire. En 1696, Vauban, l'architecte militaire de Louis XIV, décide de fortifier l’éperon rocheux de Mindin afin de barrer les incursions anglaises dans l’estuaire. Au milieu du XVIIIe siècle, le duc d’Aiguillon, commandant en chef de Bretagne, est chargé par le roi de réorganiser la défense des côtes bretonnes. Le fort maçonné de Mindin est alors renforcé par l’ingénieur Magdelon-François de Touros, en même temps que le fort de Villès-Martin à Saint-Nazaire sur la rive opposée.

Sous le Second Empire, Napoléon III poursuit un programme de modernisation des fortifications littorales, notamment aux abords des estuaires, des grands ports et des plages favorables aux débarquements. Ainsi, en 1861, l’ensemble fortifié de Mindin est totalement reconstruit selon un plan-type adapté aux évolutions de l’artillerie. Durant la Seconde Guerre mondiale, le site est occupé par l’armée allemande qui y construit deux bunkers et installe une batterie anti-aérienne sur la terrasse du fort. Depuis 1983, ce lieu de mémoire de l’histoire militaire abrite le Musée de la Marine de Mindin.

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La villégiature

Au début du XIXe siècle, une menace plane sur la commune de Saint-Brevin : les dunes s’étendent dans les terres et l’ensablement menace le bourg. Les premiers essais de plantations pour fixer les dunes ont lieu dès 1816. Un plan de partage des sables est établi en 1859 et comporte le tracé des chemins qui deviendront les grandes avenues de Saint-Brevin. Les acquéreurs des parcelles à bâtir ont néanmoins l’obligation de poursuivre les travaux de plantation déjà engagés. Deux décennies sont nécessaires pour fixer ce paysage dunaire planté de pins.

Au même moment, les baigneurs et touristes investissent la grande plage de sable fin. Le charme opère et la station jouit rapidement d’une solide réputation en particulier auprès de notables nantais et parisiens. La vocation balnéaire de Saint-Brevin est lancée. Plages aménagées, casinos, hôtels, pensions de famille, restaurants et plus tard campings permettent d’accueillir une population toujours plus nombreuse en saison. Le charme de Saint-Brevin-les-Pins tient aussi aux nombreuses et somptueuses villas édifiées dans la pinède. Se promener à l’ombre des pins dans ce dédale d’avenues et d’allées aux noms parfois évocateurs, c'est comme ouvrir un catalogue d’architecture de la villégiature.

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Les pêcheries

 

L’association des pêcheries Sud-Estuaire, dont Steve est président, tente de redynamiser ce patrimoine qui a tendance à s’assoupir, plus encore depuis les dégâts causés par la tempête Xynthia en 2010. Les pêcheries vieillissent vite : le sel, les embruns, les vagues, les fientes des mouettes, tous se liguent contre le bois. L’entretien demande un engagement important du propriétaire, qui s’essouffle parfois.

L’association s’est donné pour mission de les remotiver, de les fédérer, de prévenir la baisse du nombre des pêcheries sur l’estuaire. « Les pêcheries, c’est un élément typique du coin, s’enthousiasme Steve. Elles attirent les touristes, les scolaires, les Ligériens… Elles marquent l’identité du territoire. Aujourd’hui, leur nombre est stable. Mais demain ? On peut encore en construire une vingtaine, sur les vestiges de pêcheries disparues. Avis aux amateurs ! »

À marée basse, la plage laisse voir d’anciens pontons abandonnés, affaissés, disloqués depuis longtemps. Des portions de travées s’accrochent encore aux pieux noircis qui émergent du sable et de la vase, rongés par le sel. Repartir sur ces bases n’est pas possible, il faut d’abord tout arracher. L’intrépide qui s’y risquerait devra obtenir l’autorisation auprès du port de Nantes - Saint-Nazaire, propriétaire de l’estran, s’acquitter d’un loyer d’environ 150 euros par an et se retrousser ses manches pour une bonne année de travail. L’estuaire est à ce prix.