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Inauguré en 1975, le pont de Saint-Nazaire s’est jeté sur l’embouchure pour rapprocher les deux rives de la Loire, estomper la coupure que le fleuve impose entre le Pays nantais et la presqu’île de Guérande au nord, et le Pays de Retz au sud. Plus encore, la gratuité du pont, survenue vingt ans plus tard, a décuplé les échanges sur la façade maritime de la région.

Une superstructure entre deux rives

Avant la construction du pont de Saint-Nazaire, le franchissement du fleuve se faisait au moyen de bacs, entre le port de la cité nazairienne et Mindin à Saint-Brevin-les-Pins. Mais, face à l’accroissement constant du trafic automobile, le charme des 4 kilomètres de traversée n’opère plus ! L’attente est trop longue… en particulier en période estivale, ce qui n’encourage pas le développement économique du sud du département.

Le 4 novembre 1971, la première pierre du pont est posée parJacques Chaban-Delmas, alors Premier ministre. Les travaux ne commencent qu’en mars de l’année suivante et s’achèvent le 18 octobre 1975, date d’inauguration de l’édifice. Dès sa mise en service et bien qu’à l’origine payant, le pont de Saint-Nazaire devient une pièce maîtresse du développement des échanges entre le nord et le sud de l’estuaire. Supportant une partie de la « route Bleue », route touristique reliant Guérande aux Moutiers-en-Retz, et desservant La Baule et Pornic, le pont est emprunté par près de 33000 automobilistes chaque jour.

Inventaire du Patrimoine

Un belvédère sur l'estuaire

Nous longeons le Brivet, dont les eaux sombres coulent des marais de Brière et serpentent jusqu’à la Loire où il disparaît brutalement, happé par l’immense vasière de Méan. Aussitôt, une autre rivière prend le relais, à peine plus étroite. Toute de béton, de bitume et d’acier, elle semble prolonger le Brivet en s’élançant vers la Loire. Dans son élan, elle s’élève dans les airs, déterminée à enjamber l’estuaire. Comme à la surface d’un canal suspendu, des camions cargos y roulent à toute vapeur. Sur les bords, des margelles de soixante-dix centimètres de large sont aménagées pour les marcheurs. Nous empruntons celle de droite, celle du grand large.

Étrange ascension : plus nous nous élevons au-dessus de la Loire – à moins que ce ne soit déjà l’océan ? –, plus le paysage s’aplatit et s’adoucit, et plus la violence de l’artère nous emporte. Le vent du large se mêle aux bourrasques des poids lourds qui nous dépassent en hurlant, les gaz et la poussière ne nous laissent aucun répit, nous sommes pris dans un tourbillon de bruit et de fureur qui nous presse de rejoindre rapidement ce paysage d’en bas et ses promesses de quiétude. Tels les vainqueurs d’un pic alpin, nous ne restons que quelques instants au sommet, soixante-huit mètres au-dessus de l’eau, en équilibre sur le fil ténu du tablier, perdus entre terre, mer et ciel dans l’immensité de l’estuaire. Il s’agit de profiter du panorama, d’admirer l’ouvrage – du haut des deux pylônes qui culminent à cent trente mètres, soixante-douze haubans strient le ciel en éventail, offrant des perspectives à couper le souffle – sans perdre de vue que la descente, comme la montée, dure trente minutes.

Des Rives

Le pont des records

Il a fallu près de 200 hommes travaillant par tous les temps pendant trois ans pour que les deux rives de l’estuaire de la Loire soient reliées par ce colosse constitué de 80 000m3 de béton et 17000 tonnes d’acier. L’édifice se compose de deux viaducs d’accès, un au nord de 1115 mètres et un au sud de 1521 mètres, ainsi que d’un ouvrage métallique à haubans de 720 mètres de longueur. L’ensemble représente une longueur totale de 3356 mètres, faisant du pont de Saint-Nazaire le plus long de France.

Avec sa travée centrale de 404 m, l’ouvrage détient, à sa construction et durant huit ans, le record mondial de portée pour un pont métallique haubané. Les viaducs et l’ouvrage métallique sont portés par des piles en forme de H mesurant entre 3 et 57 mètres de hauteur. Les deux piles centrales marquent la largeur du chenal. Elles sont profondément ancrées à la roche par des pieux en béton armé tubés et surmontées par des pylônes haubanés. Le balisage blanc et rouge de ces éléments n’est en rien une fantaisie du constructeur mais il a été imposé par la proximité de l’aéroport de Saint-Nazaire-Montoir.

Quelques chiffres :

  • 3 356 m de longueur
  • 404 m de portée principale
  • 13,5 m de largeur
  • 68 m de hauteur
  • 80 000m3 de béton
  • 17000 tonnes d’acier
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