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Cerné par les eaux douces de la Brière, saumâtres de la Loire et salées de l’océan Atlantique Saint-Nazaire est depuis toujours considérée comme la porte d’entrée de l’estuaire. C’est cette position stratégique qui lui permet d’accueillir un port à la fin du XIXe siècle et grâce à ce dernier que le territoire connaît un destin extraordinaire.

La base sous marine

L’édifice le plus fou de ce chapelet de blockhaus se dresse au bord du bassin de Saint-Nazaire, à l’emplacement de ce qui fut le cœur de la ville avant que celui-ci ne soit transplanté à quelques centaines de mètres de là, après la guerre. Près de trois cents mètres de long, cent trente mètres de large, dix-huit mètres de haut et quatre cent quatre-vingt mille mètres cubes de béton : la base sous-marine de Saint-Nazaire fait partie des plus gros édifices militaires de la façade atlantique. Ses quatorze alvéoles pouvaient protéger autant de U-boot, à l’abri sous huit mètres de béton armé. Des ateliers techniques, des magasins de stockage, des bureaux, des chambres pour les équipages, des stations de pompage, deux centrales électriques, des cuisines, un bloc opératoire… Un village dans la ville, à peine égratigné par les bombardements alliés qui, en 1944, rasent méthodiquement la quasi-totalité de Saint-Nazaire. Trois mois après le Débarquement, alors que les Alliés ont déjà libéré Paris et progressent vers l’Allemagne, la Poche de Saint-Nazaire se fige. En son cœur, la base sous-marine devient la forteresse où s’organise la résistance allemande jusqu’à sa reddition, le 11 mai 1945.

Pour les urbanistes, la base sous-marine est un cas d’école. Elle a été construite sur le bassin de retournement des paquebots de la Compagnie générale transatlantique ainsi que sur les quais où mouillaient ses navires en partance pour l’Amérique latine.

La forme Joubert

En 1932, pour répondre à la commande du paquebot Normandie, fleuron de la construction navale française et de la Compagnie Générale Transatlantique, le port construit la forme Joubert sur des espaces conquis sur l’estuaire. Ce bassin de béton de 15 mètres de profondeur permet la construction partielle et l’entretien des bateaux de grande taille lorsqu’il est à sec et assure aux navires de gros tonnage un accès au port ainsi qu’à l’embouchure de la Loire lorsqu’il est en eau. Avec 350 mètres de longueur et 50 mètres de largeur, il peut recevoir 273 000 mètres cubes d’eau ! Depuis sa construction, ce joyau du patrimoine industrialo-portuaire n’a cessé d’accueillir les plus grands paquebots : le France en 1960, en passant par le Legend of the seas en 1995, jusqu’au dernier né des chantiers : le MSC Bellissima en 2019.

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La "Grand-Mère"

Jusqu’en 1996, la grue Gusto régnait sur les chantiers navals de Saint-Nazaire. A sa construction en 1937, elle était même la plus grande du monde ! Conçue en Hollande par la firme éponyme, elle était indissociable de la forme Jean Bart, créée en 1938. Ensemble, ils permirent la construction à l’horizontale de gros navires et l’abandon progressif du rivetage au profit de la soudure. Imaginé par l’ingénieur Caquot, ce dispositif était révolutionnaire. La géante traversa la guerre mais avec l’abandon du rivetage, elle cessa d’être utilisée en 1980. Profondément ancrée dans la cité, elle fut baptisée « la grand-mère » par « les gars des chantiers ». Ce surnom qui contraste avec la force titanesque de la grue, révèle l’attachement de ces travailleurs à « leur grand-mère » qui faute de financement ne put être conservée.

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L'usine élévatoire

L’usine élévatoire se compose d’un édifice créé en 1907, chargé de fournir l’électricité pour les quais du port, et de l’usine élévatoire à proprement parler. Construite en 1911, elle sert à pomper l’eau de mer pour compenser les pertes dues à l’évaporation, aux éclusages et aux fuites dans les bassins. Un niveau trop bas et les navires risquaient de racler le fond ! La cheminée de briques rappelle le fonctionnement au charbon des machines à vapeur, remplacé par la suite par l’électricité et le diesel. Après la guerre 1939-1945, les usines intactes reprennent du service jusqu’en 1993, année d’installation d’un système de pompes automatiques. Intimement liée au port, l’usine élévatoire est la seule en France à être associée à un estuaire et non à un canal.

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LE SILO À GRAIN

Le silo vertical domine le bassin de Penhoët depuis 1972. Cette implantation lui permet de réceptionner les céréales, puis après nettoyage et stockage de les expédier par voie maritime ou terrestre. L’édifice en béton armé est commandité par les producteurs de céréales Cornet, père et fils. Il se compose douze cellules cylindriques, forme idéale permettant aux parois de subir moins de pression, d’une capacité de 800 tonnes chacune. Depuis 2007, le silo est orné de triangles rouges convenablement visibles à partir d’un point unique. Cette anamorphose de Felice Varini sublime le monument et invite le spectateur, dans sa quête du poste d’observation idéal, à scruter le bâtiment comme jamais il ne l’aurait peut-être fait.

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